Une présentation axiomatique de la théorie des ensembles dépasse largement le niveau de ce cours. On ne peut la trouver dans aucun des livres cités dans la bibliographie ci-jointe.
Notions primitives:
On considère la notion “ intuitive ” (naïve) d’un ensemble
comme étant une collection d’objets (mathématiques) appelés éléments de cet ensemble.
On considère comme primitives les notions d’appartenance et d’égalité.
Si E est un ensemble et x un
élément de E, on note x
E et on lit “ x appartient à E ”.
Si x et y sont deux éléments
d’un ensemble E, l’écriture x=y
signifie que les lettres x et y désignent le même élément et on
lit “ x est égale à y ”.
Par commodité on utilisera
deux autres symboles : et ≠
a
E :
a n’est pas élément de E (ou “ a n’appartient pas à E ”)
a≠b : a n’est pas égal à b (ou
“ a est différent de b ”)
Lorsque cela est possible on
écrira un ensemble en donnant (en énumérant) tous ses éléments entre accolades
: {a , b , c}. On dit que l’on a une
définition en extension de l’ensemble. L’ordre d’écriture des éléments
entre accolades est arbitraire et chaque élément n’y figure qu’une seule fois.
Souvent on donne un nom à l’ensemble
en lui affectant une étiquette : E = {a, b, c}.
On distingue deux cas particuliers :
Le singleton : {a}.
La paire : {a,b}.
L’écriture en extension se généralise à un ensemble défini par
induction : E = {a, b,…}.
On peut aussi définir un ensemble en caractérisant ses éléments par une
proposition p. On dit que l’ensemble E est défini en compréhension (ou
en intention) et on note E = {x p}. “ E est l’ensemble des éléments pour
lesquels la proposition p est
vraie ”. Cependant ce dernier cas est à considérer avec précaution. Il
peut mener à des paradoxes.
Définition inductive (récursive) : Une définition inductive d’ensembles est la donnée de trois clauses :
· Clause 1 : la base. Elle établit que certains objets sont des éléments de l’ensemble à définir. Ceci sous-entend que l’ensemble n’est pas vide et que l’on a une idée primitive de ce qu’on veut définir. On se donne les éléments de base qui serviront à « construire » l’ensemble.
· Clause 2 : la clause d’induction. Elle établit les règles qui permettent de construire de nouveaux éléments à partir d’autres (notamment des éléments de base). On parle de règles de « production ».
· Clause 3 : la clause extrême (clause de clôture). Elle affirme que seuls les objets construits en appliquant un nombre fini de fois les clauses (1) et (2) sont éléments de l’ensemble.
Remarque 1 : La clause de clôture peut s’énoncer sous l’une des formes équivalentes suivantes :
· Nul objet n’est élément de l’ensemble s’il n’est obtenu par un nombre fini d’applications des clauses (1) et (2).
· L’ensemble ainsi défini inductivement est le plus petit (au sens de l’inclusion) ensemble satisfaisant les clauses (1) et (2).
· L’ensemble ainsi défini inductivement est égal à l’intersection de tous les ensembles vérifiant les propriétés spécifiées par les clauses (1) et (2).
Deux ensembles E et F sont égaux si et seulement si
ils ont les mêmes éléments (axiome d’extensionalité). On note E = F.
Un ensemble ne contenant aucun élément est dit vide. Il n’y a qu’un tel
ensemble, on l’appelle l’ensemble
vide et on le note :
Une partie ou sous-ensemble
A d’un ensemble E est un ensemble formé par des éléments de E. On note A E
et on lit “ A est inclus
dans E ” ou “ A
est contenu dans E ” ou
encore
“ E contient A”.
On distingue deux cas particuliers :
E
et E
E.
Etant donné un ensemble E, les parties de E forment un ensemble, noté P(E) (axiome).
On a : AP(E)
A
E. en particulier :
P(E) et E
P(E).
Propriétés 2 : Si E contient n éléments alors P(E) contient 2n éléments
IV-2-1 Complémentaire
Définition 1 : Soit AP(E), on appelle complémentaire de A dans E et on note E \ A
la partie de E définie par E \ A
= {x
E
x
A}. (On note aussi A’ ou
)
Propriétés 1 : E \ =E E \ E=
E
\ (E\ A)=A.
IV-2-2 Intersection
Définition 2 : Soit A et B deux éléments de P(E). On appelle intersection de A et B et on note
A∩B la
partie de E définie par A∩B={xE
(x
A)
(x
B)}.
Si A∩B=
on dit que A et B sont disjoints.
Propriétés 2 :
A∩B=B∩A commutativité
A∩(B∩C)=(A∩B)∩C) associativité
A∩
=
est un élément absorbant
A∩E=A E est un élément neutre
A∩A=A idempotence
A∩B
A et B∩A
B
Si A
B
et A
C
alors A
B∩C
Si A
B
et C
D
alors A∩C
B∩D
A
B
si et seulement si A=A∩B
A∩(E \
A)=
Généralisation :
Soit A1 , A2 , A3 ,…, An n
parties de E. On appelle intersection
des Ai et on note la partie de E définie par :
={x
E
(x
A1)
(x
A2)
…
(x
An)}
IV-2-3 Union (réunion)
Définition 3 : Soit A et B deux éléments de P(E). On appelle réunion (union) de A et B et on note AB la partie de E définie par A
B={x
E
(x
A)
(x
B)}.
Propriétés 3 :
A
B=B
A commutativité
A
(B
C)=(A
B)
C) associativité
A
=A
est un élément neutre
A
E=E E est un élément absorbant
A
A=A idempotence
A
A
B et
B
B
A
Si A
C
et B
C
alors A
B
C
Si A
B
et C
D
alors A
C
B
D
A
B
si et seulement si B=A
B
A
(E \ A)=E
Généralisation :
Soit A1 , A2 , A3 ,…, An n
parties de E. On appelle union des
Ai et on note la partie de E définie par :
={x
E
(x
A1)
(x
A2)
…
(x
An)}
Proposition 1 : A, B et C sont des éléments de P(E). On a :
A
(B∩C)=(A
B)∩(A
C) distributivité de l’union sur
l’intersection
A∩(B
C)=(A∩B)
(A∩C) distributivité
de l’intersection sur l’union
et de façon générale :
IV-2-4 Recouvrement et partition
Définition 4 : n parties non vides A1 , A2 , A3 ,…, An de E
constituent un recouvrement de E
si et seulement si =E.
Si en plus les Ai sont deux à deux disjoints on dit que ces n parties constituent une partition
de E.
IV-2-5 Produit cartésien
Définition 5 : E et
F sont deux ensembles, tous les
couples (x,y) où xE et y
F constituent un ensemble (axiome) appelé produit
(cartésien) de E et F. On note E×F.
Les éléments x et y s’appellent composantes ou coordonnées
du couple (x,y).
Remarque 2:
Un couple (x,y) est ordonné, l’égalité
de deux couples se définit par l’égalité de leurs composantes correspondantes :
(x,y) = (x’,y’)
(x=x’)
(y=y’)
Si l’un des ensembles E ou F
est vide alors E×F=
Si E=F l’ensemble E×E
sera noté E2.
Généralisation:
Etant donnés n ensembles E1 , E2 , E3 ,…, En leur produit
(cartésien) est l’ensemble de tous les n-uples
ordonnés (x1, x2, x3,…, xn) où i=1,
2, … ,n xi
Ei. On note
Dans le cas particulier où tous les Ei sont égaux à E on note En
Définition 6 : Un ensemble est dit fini
s’il contient exactement n éléments
distincts, n étant un entier naturel.
Si un ensemble n’est pas fini on dit qu’il est infini.
(Ces deux notions seront étudiées en détail et généralisées plus loin)
On note #(E) le nombre d’éléments d’un ensemble fini E.
Lemme 1 : Si A et B sont deux
ensembles finis disjoints alors AB est aussi fini et on a :
#( AB) = #(A) + #(B)
Théorème 2 : Si A et B sont deux
ensembles finis alors AB est aussi fini et on a :
#(AB) = #(A) + #(B) - #(A∩B)
Corollaire 1 : Si A, B et C sont trois
ensembles finis alors il en est de même de A∩B, A∩C,
C∩B et
de A∩B∩C, et
on a :
#(AB
C) = #(A) + #(B) + #(C) - #(A∩B) - #(A∩C) - #(C∩B) + #(A∩B∩C)
Principe d’inclusion-exclusion :
Le nombre d’éléments de n ensembles
peut se calculer de la manière suivante :
(1) Calculer la somme S des nombres d’éléments de chacun des n ensembles
(2) Calculer la somme des
nombres d’éléments de l’intersection de chaque couple d’ensembles et soustraire
cette somme à S et obtenir T
(3) Calculer la somme des
nombres d’éléments de l’intersection de chaque triplet d’ensembles et ajouter
cette somme à T et obtenir U
(4) Calculer la somme des
nombres d’éléments de l’intersection de chaque quadruplet d’ensembles et
soustraire cette somme à U et obtenir
V
:
Continuer ainsi en alternant soustraction et addition en considérant les
différentes intersections des p-uples
jusqu’à la neme étape.